Un peu d'histoire

La Croix Boisée

Nous sommes tous habitué à voir dans le paysage urbain, surtout aux sorties des villages Beaucerons, ces croix de prières au bord des routes et chemins, mais peu d’Arrancourtois savent qu’il existait au bord du chemin  des vignes en sortie du village une croix de prière (anciennement chemin de la croix, seul chemin carrossable jusqu'à la fin du XIX siècle permettant aux agriculteurs du village de monter sur le plateau). Cette croix autrefois incluse sur le terrain d’un particulier est visible au bord du chemin. Il existe encore des dizaines de croix dans la région portant le nom de boissée ou boisée, déformation phonétique de buissé.

Au cours de la messe du dimanche des Rameaux, le prêtre bénit le buis présenté entre les rangs. A l'issue de l'office, les fidèles buisent leurs tombes, celles des familles amies, en fixent quelques brins dans la chambre, dans la pièce commune, parfois dans l'étable. La croix ainsi buisée prit le nom de Croix Bouquet à Boissise-le-Roi, de Croix Boisée  à Nanteau-sur-Essonne, de Croix Boissée à Mespuit, de Croix Brissée à Chailly-en-Bière, de Croix Broissée, à La Chapelle-la-Reine et à Garentreville et de Croix Boissée à Grez-sur-Loing (Crux buxata 1110, croix broissée 1484,  croix brissée 1644).

La particularité de la croix ? Une épitaphe gravée à même le métal rappelant l’assassinat d’un cultivateur, en effet on peut encore lire « ici repose le corps de jean barthelemy massacré par des mécréants l’an 1833 ».

L’acte de décès en mairie, est daté du 8 février 1833 et concerne un M Arnoult, conseiller municipal demeurant au hameau de la vallée Marsas, hameau important au XIX siècle, 33 habitants en 1833.

La première fois que nous avons entendu parler de cette croix, les propriétaires pensaient qu’ils avaient une stèle mortuaire sur leur terrain, hors l’emplacement de la croix peut dater du XIII siècle et le cimetière en 1833 se trouvait à 200m sur la place de l’actuelle mairie. Il est probable qu’au moment de la translation du cimetière en 1901 on ait pu remplacer une croix manquante ou tout simplement usagée par une croix déposée de l'ancien cimetière (n'oublions pas qu'à révolution tous les méteaux ferreux ont été retirés et envoyés à Etampes).

 

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L'église Saint Pierre d'Arrancourt

L’église Saint Pierre d’Arrancourt  pendant la révolution ou chronique d’une mort annoncée.

On ne connait pas la date de construction de l’église St Pierre, mais étant de style roman elle serait antérieure au XIII siècle.

Les registres de 1690 sont les seuls témoins tardifs de son existence. Nous avons la chance par rapport à nos voisins de détenir le premier registre des réunions du conseil à la création en 1790 de la commune d’Arrancourt. Ce registre reste le témoin d’une agonie qui durera 135 ans. 

Paroisse de part son église, le village se voit érigé en commune à la révolution, sans église nous serions certainement aujourd’hui des Abbevillois. Seul les villages ou hameaux (Fontenette, Bois-Champbault) ne détenant pas d’église sont attachés aux paroisses et plus tard aux communes).

Le 14 novembre 1793, le maire, officiers municipaux et autres habitants sont rassemblés au son de la cloche en la maison du culte ou étaient présent deux commissaires nommés par le représentant du peuple de la ville d’Etampes, pour enlever dans l’église, dite maison du culte, tous l’or et l’argenterie de vase sacré, de cuivrela liste des objets du culte est longue… ils ont emporté toute l’argenterie et nous ont laissé tout le reste pour le conduire demain au district d’Etampes.

Ce même jour d’après l’ordonnance des dits députés commissaires, nous avons requéri les habitants pour desceller les vingt huit grandes barres et vingt trois petites barres de fer qui estoit posé tout aux croisée de la dite église qu’à la sacristie … affaiblissant la structure du bâtiment…les grilles du cimetière et aussi descellé la croix de fer qui était au dit cimetière …à l'exception de la croix de fer et du coq en cuivre qui est sur la flèche du clocher, dont personne n'ayant accepté à risquer sa vie pour l'aller l'ôter.

L’église devenue salle communale verra au son de la cloche se réunir le conseil et la population plusieurs fois par semaine pour lire les décrets édités par la convention, décrets affichés sur la porte et couchés sur le registre. Sous l’Empire, ces réunions populaires devront cohabiter avec les cérémonies du culte au grand dam du curé revenu dans les murs.

En 1806 la commune manquant de moyen, le maire demande au maçon Jean LouisMinier de lui évaluer la valeur de l’église, celui-ci dans son estimation écrie :

               Primo  La croix de fer et le coq de cuivre de dessus le clocher, Mr le maire et tous les habitants de la commune m’ont prié de ne pas les comprendre dessus que dans le cas ou on voudrait vendre l’église que l’on voulu bien leur laisser pour placer sur un pilier dans un endroit qui se propose

               Secundo L’ardoise qui couvre le Clocher estimé à vingt francs

               Tertio  La tuile qui couvre l’église la sacristie et le chapiteau estimés ensemble à trois cent vingt francs

               Quarto  Le carreau de l’église et de sa sacristie estimé à vingt francs

               Cinto Tous les bois de charpente …………

Mais la destruction du bâtiment ne se fera pas, et en 1810 lorsque le sous préfet demande à la commune de participer aux réparations de l’église de St Cyr, le maire refuse : nous ne voulons pas aller à St Cyr au culte par rapport au trop grand éloignement et les chemins impraticables, mais l’année suivante le sous-préfet enfonce le clou en demandant la vente et destruction des églises et cimetières de Fontaine la Rivière et Arrancourt (demande du maire de St Cyr).  Louis Georges Benoist maire élu en 1800 (il le restera prés de 40 ans) celui même qui préconisa la vente 4 ans plus tôt, répond au sous-préfet dans une longue lettre argumenté et poignante : Notre église et notre cimetière nous sont très nécessaires et très précieux, notre église a compté beaucoup à nos pères et à nous et nous avons toujours fait jusqu'à l’année derniére toutes les réparations à nos frais (pieu mensonge)…l’église d’arrancourt est si bien batise et si bien vousté ( que à moins que l’on la fasse démolir) il n’y a pas d’homme sur terre qui la verra périr….notre église nous est d’un grand azil parce que si le feu ou l’eau venaient à détruire quelque maison comme il est arrivé  l’année dernière à Abbeville elle servirai d’azil aux malheureux infortunés…Elle nous sert de maison commune pour y tenir nos séances, faire nos délibérations, pour y déposer toutes les réquisitions en grains et fourrages lorsque les troupes passe par Angerville. L’église St Pierre sera une nouvelle fois sauvée pour plusieurs décennies. L’église de Fontaine la Rivière n’aura pas cette chance.

Une nuit d’hiver 1827 à 3 h du matin le bourg est réveillé dans un grand bruit  Le clocher de l’église s’est écroulé comme menaçant ruine depuis plusieurs années… du coté du cimetière couvrant la partie du carrefour, sur le moment le maire requis les habitants de donner aide et secours pour empiler les bois de crainte qu’il soit dérobé…on a transporté la cloche chez le sieur P… . Par chance la cloche dans sa chute ne sera pas fendue. Cette cloche prénommée « Louise » baptisée en 1735 et un des rares vestiges de l’église avec peut-être une statue polychrome de St Pierre retrouvée dans le clocher de l’église d’Abbeville et les fonts baptismaux se trouvant sur le terrain d’un particulier d’Abbeville.

La cloche de l'ancienne église

Cette cloche est le seul vestige attesté de l'église Saint-Pierre, détruite en 1939 en raison de sa vétusté. Une inscription y est gravée : « L'an 1735, j'ai été bénie par M. Pierre Chevalier, prêtre d'Arrancourt. J'ai été nommée par M. Pierre Poncet de La Rivière, chevalier, seigneur, comte, conseiller du Roy, président au Parlement et Dame Louise Françoise Bonau d'Ablis Le Lay de Villemarre son épouse. Paul Roullaut et André Dallier, marguilliers ».

Sous l'Ancien Régime, Arrancourt dépendait de l'abbaye de Saint Denis par l'intermédiaire du couvent d'Argenteil dont Chavenay et Trappes étaient aussi des prieurés-cures. Jean Joseph Expilly indique au sujet d'Arrancourt : " Dans la Beauce, au gouvernement général d'Orléans, diocèse de Chartres, Parlement et intendance de Paris, élection d'Etampes".

On y compte 22 feux. Cette paroisse est à 2 lieux un quart Sud, un quart est d'Etampes.

Victor-Eugène Ardouin Dumazet (1852-1940) décrit le bourg et son église en ses quelques mots : "Arrancourt est moins peuplé encore que Fontaine; l'église, à la base d'un coteau, est un pauvre peuple semblabe à une grange malgré les lourds contreforts qui maintiennent ses murailles", soulignant la pauvreté et l'état déplorable de l'édifice, qui n'avait plus alors de clocher. 

Arrancourt est une commune sans clocher, mais une cloche désormais accrochée à sa mairie depuis 2012. Elle était entreposée depuis 90 ans dans une cave. L'église dédié à St Pierre a été détruite en 1939 en raison de sa vétusté. LOUISE est désormais visible de tous et garnie le grand mur vide.

Elle a repris son service sonore au service de la population. Elle est classée monument historique depuis le 23 novembre 1966. La cloche et les fonts baptismaux sont les deux seuls objets sur la commune provenant de l'ancienne église. La commune est rattachée à la paroisse St Julien d'Abbéville la Rivière. 

Cloche de lancienne eglise arrancourt

Les fonts baptismaux

Les fonts baptismaux servent typiquement aux baptêmes par aspersion.

Lors de la démolition de la chapelle Saint Pierre, le mobilier a été réparti dans les églises d'Abbéville la rivière et St Cyr la rivière. en rangeant les archives, la mairie d'abbéville a retrouvé une délibération concernant le dons des fonts baptismaux de la chapelle à un Abbevillois. Après 2 ans d'attente, la propriétaire a bien voulu la restituer. Quatre personnes ont été nécessaires pour déménager les 300 kg de pierre taillée. les fonts baptismaux, derniers éléments connus d'un patrimoine  bien modeste.